Pays de l’Ain — Un vent de révolte souffle dans les rangs des taxis de l’Ain et de tout le pays. Ce lundi 19 mai, une grève reconductible est lancée dans plusieurs hôpitaux du département et aux abords des grandes gares. Les professionnels du transport sanitaire et partagé dénoncent une série de décisions jugées injustes, imposées sans concertation par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et la CAMS.

Une colère multiforme

Parmi les griefs principaux, une opposition ferme aux plateformes VTC telles qu’Uber, Bolt ou Heetch. Les chauffeurs de taxi ruraux dénoncent une concurrence déloyale :

« On fait déjà du transport partagé en milieu rural, on n’a pas besoin d’algorithmes parisiens pour nous apprendre notre métier »

La profession demande également le respect strict des règles définies par la commission T3P, qui limitent normalement l’activité des VTC à leur zone d’origine.

« On en a marre de voir débarquer des voitures de villes voisines dès qu’il y a une saison touristique. Nous, on travaille toute l’année, pas seulement quand c’est rentable », ajoute un autre chauffeur.

Une demande d’audit et de médiation

Face à la complexité des nouvelles modalités de rémunération, notamment le système de bonus-malus mis en place pour les transports partagés, les taxis réclament la suspension de la nouvelle convention avec la CNAM.

« On demande le gel immédiat de la convention actuelle, un audit indépendant sur les chiffres avancés par la CNAM, et surtout un médiateur pour reprendre les discussions dans de bonnes conditions », martèlent les représentants du mouvement.

Une réalité de terrain ignorée ?

Les chauffeurs rappellent que leur métier est de plus en plus sollicité.

« Entre le vieillissement de la population, la multiplication des déserts médicaux et les hôpitaux saturés, on fait chaque jour des dizaines de kilomètres pour transporter des patients vers des établissements éloignés », explique un conducteur qui prévoit de protester devant un établissement de santé.

Ils insistent aussi sur le fait qu’un transport en taxi ne se fait jamais à la légère :

« Si un médecin prescrit un transport, c’est qu’il est nécessaire. Comme une ordonnance pour des médicaments. »

“Nous voulons vivre de notre travail, pas de subventions”

Les grévistes sont clairs : ils ne rejettent pas les efforts d’économies de la CNAM, mais demandent à être entendus et respectés.

« On ne veut pas vivre sous la menace permanente d’un bonus-malus ou d’un objectif à remplir. On veut juste vivre dignement de notre métier. Ce n’est pas trop demander, non ? »

La grève est reconductible : des perturbations sont à prévoir dans les hôpitaux et gares du département cette semaine.