Alors que la France traverse une période de turbulence sans précédent, le 7 octobre 2025 marque une nouvelle étape dans ce bras de fer politique. Après la démission express du gouvernement Lecornu, les jeux sont relancés : quelle majorité, quel gouvernement, quelle stratégie pour le président Macron ?


« Le gouvernement le plus éphémère de l’histoire »

Le 6 octobre, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission à Emmanuel Macron — une décision acceptée dans la foulée — après à peine quelques jours d’exercice effectif. La presse relaie unanimement qu’il s’agit du gouvernement le plus court de la Ve République, battant le record précédent. Parmi les raisons avancées : l’absence d’un consensus clair entre les partis, des divergences internes et des désaccords sur la feuille de route gouvernementale.

Malgré l’annonce de ses ministres le 5 octobre, dont Elisabeth Borne (Éducation) et Gérald Darmanin (Justice), la fracture avec Les Républicains (LR) est vite apparue. Le chef de file de LR, Bruno Retailleau, a décrié un organe gouvernemental « trop Macronien », et son parti a retiré son adhésion à l’alliance. LR, initialement partenaire annoncé, se dit désormais « non associé à cette formule ».

Selon la fiche institutionnelle, les ministres nommés — qui n’ont pas eu le temps de se mettre en place — demeurent en fonctions pour les affaires courantes, à l’exception notable de Bruno Le Maire, chargé de confier ses attributions militaires à Lecornu jusqu’à une nouvelle nomination.


Macron mis sous pression : escape game institutionnel

Pour désamorcer l’impasse, Emmanuel Macron a confié à Lecornu la mission de conduire ultimes négociations jusqu’à mercredi soir afin de fixer une plateforme d’action stable. L’objectif : dégager une majorité parlementaire crédible.

Mais plusieurs obstacles se dressent :

  • La recomposition politique après 2024 : la majorité issue de l’élection anticipée n’a jamais permis à l’exécutif d’obtenir une assise solide.
  • Les désaccords sur le budget 2026 : Lecornu avait entre autres planifié la suppression progressive de la CVAE, un impôt de production pesant surtout sur les PME, mais sa mise en œuvre dépend désormais d’arbitrages difficiles.
  • La menace de censure : dans les rangs de la gauche et des écologistes, des appels à utiliser la motion de censure pointent l’absence de légitimité politique d’un exécutif sans majorité.
  • Le calendrier contraint : l’Assemblée nationale doit voter le budget dans les délais constitutionnels, et une incapacité à le faire pourrait déboucher sur une dissolution, ou même — dans l’esprit de certains responsables — sur une élection présidentielle anticipée.

Sur les plateaux télé, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe réclame que l’on pose désormais la question d’un scrutin présidentiel anticipé, estimant que « l’État n’est plus tenu tant que la parole n’est pas redonnée aux citoyens. »


Opposition, critiques et enjeux idéologiques

De la gauche à l’extrême droite, critiques virulentes

Sur la gauche, Olivier Faure (PS) dénonce un « recours permanent au toilettage institutionnel », estimant que le gouvernement Macron multiplie les ajustements pour se maintenir au pouvoir. LFI quant à elle, juge que « la gauche mérite mieux qu’un habillage de façade », tout en rappelant son obsession d’un gouvernement de rupture sociale.

Le Rassemblement national (RN), pour sa part, observe la crise avec intérêt. Le RN exige d’abord la transparence sur les négociations et joue sur la défiance parlementaire. Certains de ses élus réclament un droit de regard accru : « Nous ne voulons pas d’une majorité silence-complice », déclare l’un d’eux.

LR : parti-fauteuil orphelin

La volte-face de LR est analysée comme symptôme d’un parti en crise d’identité : trop proche de Macron pour préserver son autonomie, trop critique pour jouir du soutien populaire. Certains cadres visent déjà les échéances de 2027, estimant que LR doit sortir d’une posture d’appoint pour se reprofiler en force alternative.


7 octobre : commémorations politiques autour d’un homonyme tragique

Sur le plan symbolique, le 7 octobre est aussi — depuis 2023 — une date de commémoration des attaques du Hamas contre Israël, mais elle est devenue en France un moment de recul critique sur le rôle de l’État et sur les expressions politique autour des questions internationales et sécuritaires. Le Quai d’Orsay organise ce jour une cérémonie en hommage aux 51 Français victimes du 7 octobre 2023, à Paris ; le ministre Jean-Noël Barrot invite des homologues européens et arabes autour d’un « plan de paix à Gaza ».

Ce croisement entre politique nationale et diplomatie renforce l’idée que les commémorations ne sont jamais neutres : elles irriguent aussi le débat intérieur sur la sécurité, la diplomatie et la place de la France dans le monde.


À retenir

  • Le gouvernement Lecornu aura vécu moins d’une semaine, faute de consensus avec ses alliés politiques.
  • Emmanuel Macron met désormais la pression pour un compromis rapide, sous peine d’instabilité prolongée.
  • L’opposition monte en puissance, et LR traverse une crise interne majeure.
  • Le suspense demeure : dissolution, nominations successives, ou élection anticipée ?

La France est, en ce 7 octobre, au bord d’un renouveau ou d’une répétition des impasses. Le théâtre institutionnel semble prêt à se rejouer — avec, peut-être, des surprises.

Rédaction Blue Radio (France) / Service Politique