Washington, 7 octobre 2025 — Le président des États-Unis, Donald J. Trump, a intensifié lundi sa stratégie sécuritaire en menaçant d’invoquer l’Insurrection Act — une loi fédérale ancienne autorisant le recours à l’armée contre des soulèvements — afin de déployer des troupes fédérales et des unités de la Garde nationale dans des villes dirigées par des démocrates, notamment Chicago et Portland. Cette annonce intervient alors que plusieurs États et grandes municipalités ont engagé des procédures juridiques pour bloquer ces déploiements, jugeant la manœuvre contraire à la Constitution et au rôle des autorités locales. Financial Times+1
Une menace d’exceptionnelle gravité institutionnelle
Interrogé par les journalistes depuis le Bureau ovale, M. Trump a affirmé : « Nous avons une Insurrection Act pour une raison. Si je dois l’appliquer, je le ferai — si des gens se font tuer et que les tribunaux ou certains gouverneurs nous bloquent, bien sûr que je le ferais ». La formule marque une rupture nette avec la prudence habituelle des présidents américains à l’égard du recours aux forces armées sur le sol national. The Guardian+1
Le gouvernement fédéral a déjà autorisé le basculement en service fédéral de contingents de la Garde nationale et ordonné des déploiements coordonnés par le Pentagone, tandis que des éléments de forces fédérales — souvent équipés et masqués — opèrent depuis plusieurs semaines dans des opérations d’immigration et de maintien de l’ordre dans des zones ciblées. Ces opérations ont été qualifiées de « militarisation » par des élus locaux et associations de défense des droits civiques. Reuters+1
Réactions locales : colère et recours en justice
En Illinois, le gouverneur démocrate J.B. Pritzker et le maire de Chicago ont condamné la démarche, qualifiant l’arrivée de soldats fédéraux d’« invasion » et d’« instrumentalisation politique des forces armées » ». L’État et la ville ont déposé une plainte en justice pour obtenir l’interdiction du déploiement fédéral de la Garde nationale sur leur sol, arguant que la fédéralisation sans l’accord du gouverneur porte atteinte à la Constitution et aux prérogatives locales. Reuters+1
Le gouverneur Pritzker a déclaré : « Nous n’accepterons pas que notre population soit soumise à une opération militaire intérieure montée en spectacle — nos forces armées ne sont pas des accessoires d’affichage politique. » Les tribunaux fédéraux ont pour l’heure rendu des décisions mitigées : certains juges ont suspendu des actions (notamment au sujet d’Oregon), d’autres ont autorisé provisoirement des déploiements en attendant des décisions sur le fond. Al Jazeera+1
Les risques constitutionnels et critiques juridiques
Les juristes constitutionnalistes s’alarment du précédent : l’Insurrection Act — adoptée en 1807 — permet au président d’envoyer des forces fédérales pour rétablir l’ordre en cas d’insurrection ou de défaillance des autorités locales, mais son usage est strictement encadré et historiquement exceptionnel. Des organisations comme l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles) dénoncent une dérive vers la militarisation du maintien de l’ordre et estiment que l’administration « construit une force policière paramilitaire nationale » difficilement contrôlable. Pour l’heure, la bataille se déroule autant sur le plan juridique que symbolique. American Civil Liberties Union+1
Le Pentagone et l’armée entre contrainte et discipline
Le recours à des effectifs militaires pour des missions intérieures met le Pentagone dans une position délicate : d’un côté, l’exécutif commande ; de l’autre, les chefs militaires et civils rappellent que l’armée américaine n’est pas conçue ni mandatée pour remplacer la police locale. Ces tensions se doublent d’un risque opérationnel — mêler forces armées et maintien de l’ordre civil expose à des incidents, à une escalade de la violence et à une dégradation de la confiance publique. Des responsables du Département de la Défense ont été renvoyés, ou menacés de l’être, dans le climat politique tendu des dernières semaines. Reuters+1
Conséquences politiques : polarisation accrue et contestation nationale
Sur le plan politique, la posture du président alimente la polarisation nationale : les républicains alliés saluent une ligne « fermeté et ordre », tandis que les démocrates estiment qu’il s’agit d’un outil de répression politique visant à intimider des électeurs et des municipalités opposées à l’administration. Des manifestations de protestation se sont organisées dans plusieurs grandes villes ; les appels à la vigilance et au respect des libertés civiles émanent d’une large palette d’acteurs — élus locaux, syndicats, universitaires, ONG. TIME+1
À retenir
- Le président Trump a menacé d’invoquer l’Insurrection Act pour autoriser l’entrée de troupes fédérales dans des villes américaines dirigées par des démocrates. The Guardian+1
- L’Illinois et la ville de Chicago ont saisi la justice pour contester la fédéralisation et le déploiement de la Garde nationale. Reuters
- Des organisations de défense des droits civiques alertent sur la militarisation du maintien de l’ordre et demandent des garde-fous juridiques. American Civil Liberties Union
Rédaction Blue Radio (France) / Service International