Emmanuel Macron a reconduit, vendredi 10 octobre au soir, Sébastien Lecornu comme Premier ministre, moins d’un mois après sa première nomination et quatre jours après sa démission. Mission : former un nouveau gouvernement et présenter un budget 2026 capable de rallier une majorité introuvable depuis les législatives anticipées de 2024, qui ont laissé l’Assemblée nationale sans bloc majoritaire.

Dans un message publié après l’annonce de l’Élysée, Sébastien Lecornu a déclaré accepter « par devoir » la mission de constituer une équipe et de « tout faire pour donner un budget à la France d’ici la fin de l’année » tout en s’attaquant aux « problèmes de la vie quotidienne » des Français. Il a ajouté que les futurs ministres devront renoncer à toute ambition présidentielle pour 2027 et que tous les dossiers évoqués lors des consultations récentes seront ouverts au débat parlementaire — des retraites aux finances publiques.

Une reconduction qui galvanise l’opposition…

La réaction a été immédiate sur les bancs adverses. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, a fustigé un « attelage sans aucun avenir », qualifiant le gouvernement Lecornu II de « mauvaise plaisanterie », « honte démocratique » et « humiliation pour les Français » et annonçant son soutien à une motion de censure « dès que possible ».

À gauche, La France insoumise a confirmé qu’elle viserait également la censure. Du côté du Parti socialiste, dont les voix peuvent faire pencher la balance, Pierre Jouvet, secrétaire général, a posé des conditions publiques : « suspension immédiate et complète de la réforme des retraites », fin du 49.3, et mesures pour le pouvoir d’achat. « À défaut, nous censurerons », a-t-il prévenu, démentant tout accord de non-censure avec l’exécutif.

…mais ouvre une fenêtre chez Les Républicains

Les Républicains, arithmétiquement décisifs pour bâtir des majorités textuelles, ont laissé entrevoir un appui. Vincent Jeanbrun, porte-parole du groupe LR à l’Assemblée, a jugé que « renommer Sébastien Lecornu, c’est donner une chance à la stabilité » et évoqué un soutien majoritaire au sein de son groupe — avec toutefois des lignes rouges encore à préciser, notamment sur la trajectoire budgétaire et la fiscalité.

Le cap : un budget et des compromis

Le déficit public attendu autour de 5,4 % du PIB en 2025 et une dette dépassant 3 300 milliards d’euros imposent au nouveau Premier ministre un calendrier resserré : arrêter une équipe, déposer un projet de loi de finances 2026, puis négocier texte par texte avec des blocs antagonistes (centre, gauche, droite). La Banque de France a d’ailleurs averti que l’incertitude politique pèse sur l’activité et la confiance des acteurs économiques.

Sébastien Lecornu, 39 ans, ancien ministre des Armées, fait ainsi un retour express rue de Varenne après un premier passage éclair à Matignon. Sa capacité à élargir la base politique au-delà du seul camp présidentiel — tout en préservant l’architecture des réformes — sera testée dès la session budgétaire. À très court terme, l’exécutif vise un cabinet de « renouvellement et diversité », et un chemin de compromis avec les groupes disposés à négocier : républicains, socialistes, centristes, voire certains écologistes sur des volets ciblés.

Ce qui suit

  • Composition du gouvernement : attendue rapidement, avec l’objectif d’un premier Conseil des ministres en début de semaine.
  • Budget 2026 : dépôt et débats sous forte tension ; recours possibles aux procédures exceptionnelles si aucun accord n’émerge.
  • Motions de censure : RN et LFI annoncent la couleur ; PS conditionne son attitude au calendrier et aux gestes sur retraites, pouvoir d’achat et méthode parlementaire.

En jeu : la stabilité institutionnelle jusqu’en 2026 et la capacité du gouvernement à réduire le déficit sans casser la croissance ni fracturer davantage une Assemblée à trois blocs.

Rédaction Blue Radio (France) / Service Politique