Tel-Aviv/Le Caire/Gaza — Jeudi 9 octobre 2025 (heure de Paris). Après deux années d’une guerre dévastatrice, Israël et le Hamas ont validé la première étape d’un accord prévoyant un cessez-le-feu, un retrait partiel de l’armée israélienne vers une ligne convenue et un échange d’otages contre des prisonniers. Le dispositif, négocié indirectement en Égypte avec l’appui du Qatar, de la Turquie et de médiateurs américains, ouvre une fenêtre de désescalade, tout en laissant en suspens des questions cruciales sur l’avenir de Gaza et le statut du Hamas.

« Je suis fier d’annoncer qu’Israël et le Hamas ont validé la première phase de notre plan de paix. Tous les otages seront libérés très bientôt et Israël retirera ses troupes vers une ligne convenue », a déclaré le président américain Donald Trump.

Côté israélien, le Premier ministre Benjamín Netanyahou a salué « un succès diplomatique » et annoncé la réunion du gouvernement pour ratifier l’accord.

Le Hamas a confirmé l’entente en indiquant qu’elle inclut un retrait israélien de l’enclave et un échange d’otages et de prisonniers palestiniens.

Ce que prévoit la « première phase »

  • Cessation des hostilités et repositionnement des forces israéliennes.
  • Libération des otages encore en vie dans un délai resserré une fois l’accord formellement entériné, contre la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens.
  • Accès humanitaire élargi pour l’aide et les biens essentiels.

Le Qatar, médiateur clé, a confirmé qu’un accord sur cette première étape avait été trouvé et qu’il devait « conduire à la fin de la guerre, à la libération des otages et des prisonniers, et à l’entrée de l’aide ». À l’ONU, António Guterres a appelé « toutes les parties à respecter pleinement » les termes convenus.

Une détente fragile, des familles dans l’attente

À Tel-Aviv, les proches des captifs se sont rassemblés sur la « place des Otages » dans un mélange d’espoir et d’appréhension. « Merci. Sans cette pression, nos enfants ne seraient pas sur le point de rentrer », a déclaré un parent d’otage, saluant le rôle de la médiation.

Dans la bande de Gaza, où plus de 67 000 morts ont été recensés depuis 2023 selon les autorités locales, les scènes de soulagement se mêlent au deuil et aux décombres. L’armée israélienne prévient cependant que certaines zones, notamment à Gaza-Ville, restent des “zones de combat dangereuses”, déconseillant tout retour immédiat.

Les questions qui fâchent

Malgré l’avancée, trois inconnues majeures peuvent encore faire dérailler la dynamique :

  1. Calendrier précis et mécanismes de vérification du cessez-le-feu et des libérations.
  2. Gouvernance post-guerre : Israël rejette toute perspective d’un État palestinien à court terme, quand des capitales arabes conditionnent leur soutien à une trajectoire claire vers la solution à deux États.
  3. Place du Hamas : Washington et Tel-Aviv refusent qu’il dirige Gaza ; le mouvement islamiste affirme qu’il n’abandonnera pas ses armes tant que des troupes étrangères occuperont des territoires palestiniens, et plaide pour un gouvernement technocratique palestinien adossé à l’Autorité palestinienne et soutenu régionalement.

« Ce qui a été annoncé est spécifique à la libération des otages et à l’échange de prisonniers après de longues négociations. La guerre est loin d’être terminée et l’après reste flou », observe un analyste proche des discussions.

Un front nord sous tension

Au Liban-Sud, où le Hezbollah et Israël se sont affrontés par intermittence depuis 2023, l’armée libanaise travaille à sécuriser la zone au sud du Litani. Les frappes et accrochages récents rappellent que la déstabilisation régionale n’est pas terminée, même si une trêve à Gaza pourrait réduire le risque d’embrasement.

Et maintenant ?

Les délégations peaufinent des modalités techniques : séquences d’échanges, listes nominatives, points de passage, sécurité des convois, cadence des livraisons humanitaires. Des divergences demeurent sur la récupération des dépouilles des otages décédés, dossier sensible et logistique dans un territoire ravagé.

« Le soulagement est palpable, mais rien n’est acquis tant que chaque étape n’est pas exécutée et contrôlée », résume un diplomate impliqué.

Rédaction Blue Radio (France) / Service International