Paris, mercredi 8 octobre 2025 — À l’issue de deux jours d’ultimes tractations, Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire et toujours ministre des Armées, s’est exprimé ce soir au 20H de France 2. Message central : pas de précipitation institutionnelle, cap sur le budget, et nomination d’un nouveau chef de gouvernement “dans les 48 heures”.
“Ce n’est pas le moment de changer de président de la République”, a martelé Lecornu, appelant à “protéger et préserver l’institution présidentielle”. Selon lui, la situation politique “permet au Président de nommer un Premier ministre dans les prochaines 48 heures”, après une dernière série de consultations menées avec les forces politiques.
Sur la ligne de crête budgétaire, le locataire sortant de Matignon a souligné l’existence d’un début de consensus pour éviter une dissolution et avancer vers un budget d’ici la fin de l’année, évoquant un “chemin possible, quoique difficile”. Il a aussi mis en garde contre toute tentation présidentielle pour 2027 dans la composition du futur exécutif : “La future équipe gouvernementale, quelle qu’elle soit, doit être complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027.”
Les lignes de force du soir
- Calendrier : Lecornu table sur une nomination sous 48 heures.
- Budget : priorité absolue, avec l’objectif d’un dépôt rapide du projet et d’un accord minimal pour éviter le blocage parlementaire.
- Institutionnel : pas de changement de président, et pas de dissolution à ce stade si un compromis budgétaire se dessine.
- Méthode : un gouvernement “au travail jusqu’en 2027”, sans projection personnelle vers l’échéance présidentielle.
Les réactions du soir
- Olivier Faure (PS) salue un “réveil positif, bien que tardif” sur les retraites, mais déplore l’absence de garanties concrètes : “Nous n’avons, pour l’heure, aucun engagement ferme sur la suspension.”
- Raphaël Glucksmann (Place publique) estime que “la suspension de la réforme des retraites… devient possible”, y voyant un “bougé de taille” susceptible d’ouvrir une voie d’accord.
- Marine Le Pen (RN) rejette toute formule “alignée sur la macronie” et maintient la pression pour une clarification politique à court terme, jugeant les concessions insuffisantes.
- À droite, des voix insistent sur la réduction du déficit comme préalable, tout en refusant un blanc-seing à l’exécutif.
- Au centre et chez plusieurs partenaires européens, l’heure est à l’attentisme prudent, l’essentiel étant d’éviter une crise budgétaire dans un contexte économique fragilisé.
Ce que cela change concrètement
- Le risque de dissolution s’éloigne — sans disparaître — si un compromis budgétaire est formalisé rapidement.
- La fenêtre de 48 heures annoncée par Lecornu pose un cap politique immédiat : l’Élysée doit trancher le nom du futur Premier ministre et la feuille de route (budget, trajectoire de déficit, marqueurs sociaux).
- La réforme des retraites devient levier de négociation : son éventuelle suspension (ou un moratoire) est désormais sur la table, clef pour rallier une partie de la gauche modérée.
En clair
Ce soir, Sébastien Lecornu cherche à verrouiller trois messages : continuité institutionnelle autour du président, urgence budgétaire partagée, et gouvernement de mission recentré sur la résolution des crises jusqu’en 2027. La balle est désormais à l’Élysée : nommer rapidement un/une Premier(ère) ministre capable de convertir les “signaux de bonne volonté” en votes à l’Assemblée.
Rédaction Blue Radio (France) / Service Politique