L’Assemblée nationale a rejeté, ce jeudi 16 octobre 2025, les deux motions de censure déposées contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Un répit pour l’exécutif, mais qui confirme la fragilité extrême de sa majorité. L’épisode a tendu l’hémicycle et relancé les appels à une dissolution.

Un vote crucial pour la survie du gouvernement

La motion de censure présentée par La France insoumise a recueilli 271 voix, soit 18 de moins que les 289 nécessaires pour renverser le gouvernement. Celle déposée par le Rassemblement national et l’Union des droites pour la République a été rejetée plus largement, avec 144 voix.

Dans le détail, le premier texte a fédéré LFI, les écologistes, les communistes et plusieurs députés socialistes. Sept élus PS ont en effet voté pour, malgré la consigne officielle de leur groupe : Jiovanny William, Christian Baptiste, Philippe Naillet, Béatrice Bellay, Fatiha Keloua Hachi, Peio Dufau et Paul Christophle. Côté Les Républicains, Alexandra Martin s’est également jointe à la censure insoumise.

À l’inverse, la motion RN/UDR n’a rassemblé que les voix de ses signataires et de trois députés LR. L’écart confortable ne masque toutefois pas la tension politique croissante à l’Assemblée.

Des réactions tranchées au sommet de l’État

À la sortie du vote, le Premier ministre a cherché à reprendre la main :

« Il fallait bien que les débats puissent démarrer, et ils vont démarrer », a déclaré Sébastien Lecornu, visiblement soulagé, tout en appelant « à la responsabilité de tous ».

À gauche, le ton est radicalement différent. Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, a affirmé :

« Ce n’est pas une défaite. C’est un avertissement. Nous irons jusqu’au bout, y compris avec une motion de destitution contre le président de la République ».

À l’extrême droite, Marine Le Pen a fustigé une « majorité accrochée au pouvoir par des ficelles » et réclamé une dissolution immédiate de l’Assemblée nationale. Éric Ciotti, président de LR et co-signataire de la motion RN/UDR, a renchéri :

« La France mérite mieux qu’un exécutif qui gouverne par défaut ».

La gauche divisée, le gouvernement fragilisé

Le Parti socialiste avait donné pour consigne de ne pas voter la censure, en échange d’un gel de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027. Cette stratégie n’a pas fait l’unanimité.

Certains élus ont justifié leur dissidence au nom de leur « responsabilité politique personnelle ». Laurent Baumel, député socialiste, a déclaré :

« Notre non-censure n’est pas un pacte de non-censure. Nous resterons libres de nos votes ».

Ce morcellement de la gauche, conjugué à l’absence d’alliance durable entre RN, LR et UDR, a permis à l’exécutif de franchir cet obstacle. Mais l’arithmétique parlementaire reste extrêmement instable.

Un climat explosif avant le budget

La prochaine épreuve s’annonce déjà : l’examen du budget 2026, prévu pour le 24 octobre. Sans majorité absolue, le gouvernement devra convaincre au cas par cas pour éviter un nouveau recours à l’article 49.3 et un risque de nouvelles censures.

Dans les couloirs de l’Assemblée, plusieurs députés de la majorité confient redouter une « usure politique accélérée » si la tension perdure. Des voix à droite comme à gauche évoquent déjà une nouvelle offensive parlementaire d’ici la fin du mois.

Sébastien Lecornu a certes remporté une bataille, mais la guerre politique est loin d’être terminée.

Rédaction Blue Radio / Tv – blueradio.fr / Service Politique