À cinq mois du scrutin municipal (15 et 22 mars 2026), l’ancien président de l’OGC Nice devient la tête d’affiche du ticket Ciotti. Un pari assumé qui suscite soutiens enthousiastes, réserves et attaques frontales.

Nice — Jeudi 9 octobre 2025. Éric Ciotti a officialisé, lundi 6 octobre, l’arrivée de Jean-Pierre Rivère, ex-président de l’OGC Nice, sur sa liste pour les municipales avec la promesse de le nommer premier adjoint en cas de victoire. « Jean-Pierre Rivère nous rejoint dans cette aventure », a lancé le député niçois et patron de l’Union des droites, convaincu que la notoriété du dirigeant d’entreprise peut donner un « nouvel essor économique » à la ville, avec « désendettement, baisse des impôts » et « arrivée de nouvelles entreprises ».

Pour Rivère, qui a quitté la présidence du Gym au 20 août 2025 après quatorze saisons, le saut est réfléchi : « Je sais qu’il n’y a que des coups à prendre. Mais j’aime les challenges. » L’homme d’affaires assume une approche managériale : « Je pense qu’une ville doit être gérée comme une entreprise. » Et cible des irritants du quotidien : propreté, sécurité du soir, difficultés de logement pour étudiants et salariés. « Quand je sors de mon bureau, j’ai presque envie de prendre un petit balai car la rue est sale. »


Une onde de choc politique

L’annonce a immédiatement tendu le face-à-face avec le maire sortant Christian Estrosi, candidat à sa réélection. Dans l’entourage du maire, on dénonce « un homme d’affaires cherchant à faire de l’argent » et l’on ravive les vieilles querelles autour de l’Allianz Riviera et de projets artistiques municipaux. Graig Monetti, adjoint au maire, fustige une « faute grave » et un « projet malsain » attribués à Éric Ciotti, tout en mettant en doute « les compétences » de Rivère en politique.

À droite, les proches de Ciotti saluent au contraire « une alternative crédible et efficace » et une « addition de talents ». À l’extrême droite, certains cadres voient dans ce ralliement un signal régional fort. À gauche, David Nakache (Tous Citoyens) recadre : « Non, M. Rivère, une ville n’est pas une entreprise… Elle doit viser l’intérêt général, pas le profit. »


Un profil à double tranchant

Atouts. Notoriété, réseaux économiques, culture des grands projets. Rivère plaide pour un palais des congrès à la hauteur de la concurrence (Monaco, Cannes) et un palais des sports, infrastructures absentes à Nice selon lui.
Angles morts. Politisation tardive, ambiguïtés d’alliance (Éric Ciotti revendique une union des droites qui assume des convergences avec le RN), critiques sur la proximité passée de Rivère avec la mairie Estrosi quand il présidait l’OGCN.


Ce que cela change pour la course 2026

  • Calendrier figé : premier tour 15 mars 2026, second tour 22 mars 2026.
  • Positionnement : Ciotti transforme son ticket en offre « compétence & gestion », espérant mordre sur l’électorat modéré et économique.
  • Riposte Estrosi : le camp sortant judiciarise le discours (propreté, sécurité, dette) et personnalise l’affrontement, renvoyant Rivère à son passé de patron du Gym.
  • Climat : la pré-campagne s’enflamme sur la propreté, la sécurité et la dette métropolitaine, thèmes que Rivère veut traiter avec des outils « d’entreprise ».

Ils ont dit

  • Éric Ciotti : « Si les Niçois me font confiance, Jean-Pierre Rivère sera mon premier adjoint… Nous irons chercher de nouvelles recettes, accueillerons de nouvelles entreprises. »
  • Jean-Pierre Rivère : « Je viens juste pour l’amour que j’ai pour cette ville… Nous avons envie de faire quelque chose pour Nice. »
  • Camp Estrosi : « Il a toujours été un homme d’affaires cherchant à faire de l’argent… Ceci explique cela. »
  • Graig Monetti, adjoint au maire : « Une faute grave… un projet malsain. J’ai des doutes sur ses compétences. »
  • David Nakache (Tous Citoyens) : « Non, M. Rivère, une ville n’est pas une entreprise… elle vise l’intérêt général. »

L’enjeu pour les Niçois

Derrière l’effet d’annonce, trois questions structureront la campagne :

  1. La gestion : la promesse de « gérer comme une entreprise » peut-elle réduire la dette et améliorer les services sans rogner l’intérêt général ?
  2. La sécurité et la propreté : le diagnostic de Rivère reflète-t-il l’expérience des habitants et quels moyens concrets (policiers, investissement, organisation) seront proposés ?
  3. Les grands équipements : un palais des congrès et un palais des sports sont-ils finançables et prioritaires face aux contraintes budgétaires ?

Verdict en mars : l’« effet Rivère » sera-t-il un booster d’alternance… ou un révélateur de fractures ?

Rédaction Blue Radio (France) / Service Politique