Stockholm, 8 octobre 2025 — Le Français Michel H. Devoret, professeur à l’université de Yale, a reçu le Prix Nobel de physique 2025, aux côtés des chercheurs John Clarke (Royaume-Uni) et John Martinis (États-Unis), pour leurs découvertes majeures sur le tunnel quantique macroscopique et la quantification de l’énergie dans les circuits supraconducteurs.

C’est la première fois depuis plus de dix ans qu’un chercheur français est distingué par le Nobel de physique, un prix qui salue à la fois la rigueur expérimentale et la vision prospective d’un scientifique au service des technologies quantiques de demain.


Un Français à la frontière du quantique

Né à Paris en 1953, Michel Devoret a fait ses études à l’École normale supérieure et au CEA avant de poursuivre sa carrière aux États-Unis, où il enseigne depuis 2002 à Yale. Il y dirige le Quantum Circuits Group, spécialisé dans les circuits supraconducteurs et la manipulation de l’information quantique.

Ses travaux visent à rendre la physique quantique “tangible”, en exploitant la supraconductivité pour créer des circuits où l’on peut observer directement les effets étranges du monde subatomique : sauts d’énergie discrets, décohérence, et surtout effet tunnel à l’échelle macroscopique.

« Notre ambition était de démontrer que les phénomènes quantiques ne sont pas confinés au monde de l’invisible », a déclaré Michel Devoret lors d’une conférence à Yale après l’annonce du prix.
« En comprenant comment l’énergie se quantifie dans un circuit, nous avons ouvert la voie à des dispositifs qui combinent la stabilité de la matière et la délicatesse du quantique. »


Des expériences fondatrices pour l’informatique quantique

Dans les années 1980, Michel Devoret, alors collaborateur du physicien britannique John Clarke à Berkeley, a contribué à la mise en évidence de l’effet tunnel quantique dans des circuits supraconducteurs. Ces expériences ont prouvé que des phénomènes supposés réservés aux particules pouvaient être observés dans des systèmes « grands » de plusieurs micromètres.

Ce travail s’est avéré décisif pour le développement de qubits supraconducteurs, éléments de base des ordinateurs quantiques modernes. En combinant la physique du solide et la mécanique quantique, ces chercheurs ont ouvert un champ expérimental entièrement nouveau : la quantification de l’énergie dans des circuits macroscopiques.

Selon le Comité Nobel, leurs découvertes constituent « une étape cruciale dans la démonstration expérimentale du lien entre le monde classique et le monde quantique ».


Une reconnaissance internationale pour la science française

L’annonce du prix a suscité une émotion particulière dans la communauté scientifique française. Le CNRS et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ont salué « le parcours exemplaire d’un chercheur qui incarne la tradition française d’excellence scientifique à l’échelle mondiale ».

La ministre Sylvie Retailleau a tweeté :

« Fierté française ! Michel Devoret, prix Nobel de physique 2025, illustre la vitalité de notre recherche fondamentale. Ses travaux sur les circuits quantiques ouvrent la voie aux technologies du futur. »

À Yale, son collègue et ancien étudiant Luigi Frunzio décrit un chercheur « à la fois rigoureux, patient et audacieux », ajoutant : « Il nous a appris qu’en physique, la précision est une forme d’imagination. »


Une étape vers la prochaine révolution technologique

Les applications possibles des découvertes de Devoret, Clarke et Martinis dépassent la physique pure :

  • Informatique quantique : conception de qubits plus stables et moins sensibles à la décohérence.
  • Capteurs ultra-sensibles : détection de champs magnétiques ou de variations de température à l’échelle atomique.
  • Cryptographie : développement de protocoles de communication inviolables.

Les trois lauréats partagent le prix, d’un montant total de 11 millions de couronnes suédoises (environ 950 000 €). La cérémonie de remise aura lieu le 10 décembre à Stockholm, en présence du roi Carl XVI Gustaf.


À retenir

  • Michel Devoret (France), John Clarke (R.-U.) et John Martinis (É.-U.) remportent le Prix Nobel de physique 2025.
  • Leurs travaux démontrent la quantification de l’énergie et le tunnel quantique dans les circuits supraconducteurs.
  • Ces découvertes jettent les bases de l’informatique quantique moderne.
  • Le Nobel consacre la place majeure de la recherche française dans la physique mondiale.

Rédaction Blue Radio (France) / Service Sciences & Technologies